La vie en sourdine - David Lodge
- Résumé -
Desmond a des problèmes d'ouïe et d'ennui. Professeur de linguistique fraîchement retraité, il consacre son ordinaire à la lecture de son journal favori, aux activités culturo-mondaines qu'organise son épouse et à son père vieillissant et isolé. Lors d'un vernissage, alors que Desmond ne comprend pas un traître mot de ce qu'on lui dit et répond au petit bonheur la chance, Alex, une étudiante lui demande de devenir son tuteur et de la guider dans sa thèse. Desmond accepte, sans savoir qu'il pourrait peut être le regretter...
- Mon avis -
J'ai choisi ce livre car j'attache une importance toute particulière aux différentes formes de handicap et ce livre m'est apparu comme sortant de l'ordinaire, le sujet qui y est traité étant peu développé, à savoir la surdité. La privation de l'un de ses cinq sens doit être une expérience assez terrible à vivre et ce livre me paraissait être une bonne occasion pour découvrir et comprendre le quotidien des personnes qui sont confrontés à ce genre de handicap. Et puis, le résumé était plutot intriguant, surtout avec la mise en scène de la rencontre entre Alex et Desmond, dont les problèmes d'ouïe semblaient être la source de nombreux quiproquos. L'histoire prévoyait donc d'être à la fois tragique et cocasse...
Ce mélange de genre ne me laisse pas insensible et je l'avais déjà bien apprécié lors de ma lecture du livre de Jean Louis Fournier [ma critique ici]. David Lodge opère ici de la même manière : il utilise l'arme de l'humour pour aborder des sujets qui le touche personnellement et c'est avec beaucoup de pudeur et de dignité qu'il nous amène à rire de ses mésaventures. Ainsi, tout au long de ce livre, il ne cesse de nous démontrer que "la surdité est comique et que la cecité est tragique" et on sent combien cette thèse lui tient à coeur. Le pari est plutôt réussi, certains passages m'ont fait sourire. Mais j'ai avant tout été marqué par toute la tristesse que ressent Desmond, ce qui procure un côté assez sombre au bouquin.
En fait, ce livre aborde toutes les difficultés que peuvent rencontrer les personnes à la retraite en décrivant le temps qui passe. Desmond a besoin de rechercher un nouveau sens à sa vie, en prenant en compte sa surdité, sa cessation d'activité professionnelle, sa baisse de libido... bref, David Lodge raconte le quotidien des personnes de plus de 60 ans, histoire qui nous concerne tous et que nous serons tous amenés à vivre un jour. Cela n'est pas toujours très gai, surtout que Desmond a un papa vieillissant qui a de plus en plus de mal à rester seul à son domicile et qui refuse catégoriquement de l'aide. J'ai trouvé ce passage très attendrissant, c'est d'ailleurs le moment que j'ai préféré dans ce livre.
Quant à l'histoire du quiproquo avec Alex, l'étudiante, je ne sais pas trop quoi en penser. Je crois que j'ai été un peu déçue car je m'attendais à quelque chose d'autre. Toutefois, j'étais quand même impatiente d'aller jusqu'au bout du livre pour en connaitre le dénouement. En somme, j'ai passé un agréable moment avec cette lecture mais je ne pense pas en garder un impérissable souvenir d'ici quelques mois !
- Un extrait -
"Ils parlent, ou plutôt elle parle depuis dix minutes maintenant et il a beau faire, il est incapable d'identifier le sujet de la conversation. S'agit-il des oeuvres d'art accrochées aux murs ? Il ne le pense pas, elle ne les regarde pas ni ne les montre du doigt. [...] Elle parle plutôt d'un ton personnel, anecdotique et confidentiel. Il regarde le visage de la jeune femme pour voir s'il trahit quelque chose. Elle le regarde fixement d'un air sérieux avec ses yeux bleus et marque un temps d'arrêt dans son débit, comme si elle attendait une réponse. "Je vois", dit-il, ajustant son comportement afin d'exprimer à la fois son acquisement et une réflexion judicieuse, dans l'espoir que l'une ou l'autre expression semblera adéquate, ou tout du moins pas grotesquement inapropriée à ce qu'elle pouvait bien être en train de dire".
"Peut être l'ouvrage le plus intime et émouvant de David Lodge
où le pathos est pudiquement désamorcé par le rire"
♥